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Modélisation d'un bassin de plaisance
Auteur : Dorothée Retière

Avec la nouvelle expansion de la plaisance, les créations de nouveaux ports ou leur agrandissement ont provoqué des controverses politiques, économiques et écologiques. Pour remédier à cela, le concept de bassin de plaisance s'est développé. En étudiant la plaisance, la gestion de cette activité, les infrastructures (souvent lourdes) qui lui sont utiles, les acteurs en jeu... il est possible d'intégrer les paramètres indispensables pour ajuster les capacités portuaires aux impératifs économiques et environnementaux.

Pour ce faire, le modèle établi ici met en évidence les composantes du système bassin de plaisance.

 

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Les bassins de plaisance correspondent pour certains à des aires dont l'échelle englobe tout le golfe de Gascogne. Ce ne sera pas le cas ici car les bassins de plaisance sont considérés comme des aires de navigation fréquentées par de nombreux plaisanciers et structurées par des ports de plaisance. Ces zones permettent de naviguer d'un port (ou d'un mouillage) à un autre en moins de 24 heures et offrent une certaine sécurité aux navires.

Les bassins de plaisance ne sont pas un espace fermé (comme l'indiquent les tirets qui délimitent les différents bassins représentés). Les plaisanciers sortent parfois vers d'autres bassins qui peuvent être attenants ou éloignés de plusieurs centaines de milles nautiques. Par ailleurs les bassins de plaisance définis ainsi sont eux-mêmes découpés en sous-bassins de plaisance, car les routes de certains plaisanciers restent très peu éloignées de leur port de plaisance ou mouillage de base.

Ces ports de plaisance sont placés sur la frange littorale du système bassin de plaisance d'une manière relativement concentrée. Leur fonction principale peut être très différente entre eux. Certains seront plutôt des ports-garages (les bateaux ne sortant que rarement), d'autres des ports de régate (Cowes sur l'île de Wight), d'autres encore seront plutôt familiaux (Port-Haliguen dans la presqu'île de Quiberon) ou serviront surtout d'escale (Le Palais sur Belle-Île), etc.

Complétant les ports de plaisance, les mouillages sont des sites maritimes où les bateaux peuvent jeter l'ancre, s'amarrer à une bouée... pour une journée ou à l'année. Il existe des mouillages autorisés/forains/organisés ; permanent/éphémère ; d'hivernage/estival ; mouillages sur corps-morts/sur ancre/d'échouage/sur traverse ; avec ou sans infrastructure. Dans tous les cas, ce sont des structures légères, voir inexistantes qui ponctuent ces « aires de repos ».

Les politiques de gestion des « sites-parkings », que sont les ports et les mouillages, sont relativement complexes car, suivant l'attention des élus (et leurs intérêts), l'organisme gestionnaire n'est pas le même. Ainsi, cela peut être la commune, les affaires maritimes, une association (en France) ou le County Council, l'aristocratie, le Borough Council au Royaume-Uni.

Les ports de plaisance et les mouillages, sont essentiels à l'existence d'un bassin de plaisance. Ces sites-parkings sont reliés par des flux maritimes composés des routes de plaisanciers, cela inclut des flux de biens (les bateaux, leur matériels...), de capitaux (achats effectués par les plaisanciers dans les différentes escales, approvisionnement en essence...). Tout ceci forme un quadrillage. Ce maillage met en évidence des zones plus fréquentées, des zones désertes. On découvre donc une hiérarchie du bassin de plaisance. Une typologie de ces différents ports et mouillages dans les deux sites anglais et français (le Solent dans l'Hampshire et la baie de Quiberon dans le Morbihan) permettra de mettre à jour la hiérarchisation dans chaque bassin de plaisance. Mais celle-ci doit être compléter par ce qui se trouve sur la partie terrestre du système : l'arrière-pays. Celui-ci est très important, car c'est d'ici que tout se décide, se conçoit, se perçoit. Ce sont en effet des terriens qui vont organiser les bassins de plaisance ! L'arrière-pays comprend l'étendue qui concentre les zones d'accès aux bateaux, les organismes s'occupant de l'administratif (assurances, banques...), les entreprises liées directement ou indirectement à la plaisance...

Cet espace n'est pas vraiment délimitable. Au mieux, les aires d'influence des ports et mouillages permettent de concevoir des frontières terrestres. Pour les ports de plaisance, cette aire peut aller jusqu'à plus de 500 kilomètres. Pour les mouillages, la majorité de la clientèle sera locale.

C'est aussi dans l'arrière-pays que se trouvent les zones d'hivernage des bateaux. Ce sont des aires où certains plaisanciers parquent leurs bateaux durant la morte-saison. Ces zones sont le plus souvent dans les ports ou à proximité. L'arrière-pays est comme le bassin de plaisance dynamisé par des flux de biens, de personnes. Flux qui, en fait, sont plus importants quantitativement que dans la partie maritime.

Cette modélisation du système bassin de plaisance regroupe les différents éléments essentiels à la compréhension de cette activité touristique et de sa gestion.


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