19901990
 
Les Britanniques dans l'Ouest de la France
(1992-1995)
Auteurs : Guillaume Bernard, Frédérique Turbout

En termes de solde migratoire, 12 000 Anglais sont venus s'installer en France en 1994. En 1993, le groupe dit britannique présent en France comptait 50 400 personnes. En 1994, le même groupe est évalué à 62 000 personnes (Eurostat). Selon les chiffres officiels (Ministère de l'Intérieur) les Anglais en France seraient plus de 67 000 en 1996.

 

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Les Anglais sont surtout présents à Paris (9 000 personnes en 1996) et en région parisienne. Il s'agit souvent de migrations liées à l'activité professionnelle et aux opportunités d'emploi. La seconde grande composante de la population britannique en France est constituée de temporaires et de retraités. Ils se localisent en Dordogne, en Normandie, sur la côte d'Azur. Ils affectionnent ces régions pour la qualité de vie que l'on y trouve et des attraits d'ordre culturels ou historiques. D'autre part, leur installation dans l'hexagone est fortement motivée par un différentiel foncier. La différence peut aller du simple au double. Avec une densité de population de 260 habitants au km² au Royaume-Uni et des densités supérieures autour de Londres, les Anglais des classes supérieures ont très tôt eu l'idée de venir goûter les charmes des petites fermes françaises. Actuellement, ce type de démarche a tendance à se démocratiser.

L'année 1992 a marqué une inflexion des mouvements de personnes entre la France et la Grande-Bretagne. Sous l'effet du contexte économique et monétaire, l'achat de biens fonciers par les Britanniques a marqué le pas. Trois types d'espaces se dégagent selon le volume de populations britanniques qu'ils accueillent.

Le premier groupe est constitué de régions où la présence britannique est faible. La région la moins pourvue est la Picardie. Elle comptait officiellement 976 Britanniques en 1992 et se situait ainsi en dernière position après les deux régions normandes. Ce phénomène s'explique par la localisation de la Picardie subissant la proximité de l'agglomération parisienne. D'autre part, cette région éprouve des difficultés à se développer économiquement. Le second désavantage inhérent à cette région est son manque d'attrait du point de vue culturel et pittoresque. Les Anglais préfèrent s'installer dans des régions vallonnées et bocagères comme la Normandie et la Bretagne. Les départements de la Somme et de l'Aisne comptent moins de présence anglaise puisqu'ils ne regroupent qu'un tiers de l'effectif régional. Le département de l'Oise, qui compte 653 personnes en 1992, tout en n'ayant pas autant d'attrait culturel ou paysager que quelques uns de ses voisins, se révèle être un pôle plus attractif. Le département de l'Oise d'une façon générale ne répond pas aux critères des autres départements dans le sens où il est très lié à l'Ile de France.

Le second type comprend des régions où la communauté britannique est d'importance numérique moyenne, la Haute et la Basse-Normandie sont dans cette situation. Ces régions comptent en 1992 respectivement 1 026 et 1 091 Britanniques titulaires d'un titre de séjour. Il faut noter que la population étudiante britannique est comprise dans ce total mais n'excède pas une centaine de personnes si l'on prend le cas de la Basse-Normandie. Ce sont des régions où le phénomène d'achat de propriétés a été significatif lors des dix dernières années. Malheureusement les chiffres officiels ne permettent pas de mettre en évidence le nombre de propriétaires retraités ou ayant acheté une résidence secondaire. Les chiffres officiels ont une valeur représentative des tendances migratoires. Ces deux régions ont vu leur proportion de migrants britanniques augmenter régulièrement. Les retraités anglais apprécient en particulier le charme de la campagne normande dans des « pays » ruraux tels que le Pays d'Auge, la Suisse Normande ou le Bocage Virois.

Le troisième type regroupe des régions avec des effectifs plus importants. Les trois régions françaises qui comptent le plus de Britanniques sont le Nord, la Bretagne et les Pays de la Loire. Au niveau des départements, sur un total de 19 départements, six seulement ont un nombre de Britanniques supérieur à 500. La moyenne est de 498 Britanniques par département en 1992. Ces départements sont la Loire-Atlantique, les Côtes-d'Armor, l'Oise, le Nord–Pas-de-Calais et le Nord.

Le nombre total de personnes possédant un titre de séjour est de 7 050. Cela représente environ 12 % de la population britannique en France en 1993. On remarque enfin, grâce à la cartographie des résultats au niveau départemental, que deux zones distinctes apparaissent. La première correspond à la façade côtière proprement dite et concentre des Anglais en grand nombre. La deuxième zone est formée par l'arrière-pays côtier et compte un nombre nettement moins important de Britanniques. On retrouve une répartition similaire à celle de la période 1982-1990. Il en va ainsi de l'Aisne, de l'Orne, de la Mayenne, de la Sarthe et de l'Eure. L'effectif britannique y est en moyenne de 192 personnes.


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