20002000
 
Les universités dans la zone Transmanche (2001-2002)
Auteurs : Louis Shurmer-Smith, Frédérique Turbout

Les systèmes universitaires français et anglais diffèrent avant tout dans leur mode de fonctionnement. En France, l'Université se positionne dans le prolongement du système scolaire du secondaire. En Angleterre, le système universitaire fonctionne différemment.

À la rentrée 2001/2002, la France comptait 1 404 000 étudiants contre 2 198 610 au Royaume-Uni toutes filières et toutes disciplines confondues. À titre de comparaison, le total des effectifsrépartis entre la France et l'Angleterre est équivalent à plus de trois fois la population totale de l'aire urbaine de Lille. Les effectifs étudiants dans la zone Transmanche représentent 35 % du total de la France et de l'Angleterre. Au total, 1 249 912 étudiants sont inscrits dans l'une ou l'autre université de la zone Transmanche. Ces effectifs importants s'expliquent en grande partie par la présence de deux pôles universitaires majeurs, Londres et Paris. À elles deux, les métropoles nationales accueillent près de 597 000 étudiants, contre 653 000 étudiants dans les autres universités de la zone. Ces effectifs ont connu des évolutions relativement similaires de part et d'autre de la Manche.

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Évolution des effectifs

En France, le nombre d'étudiants en université a connu une croissance moins importante qu'en Angleterre. Globalement, les effectifs étudiants français sont en baisse depuis quelques années. Cette tendance est généralisée à l'ensemble du territoire. Les effectifs ont ainsi baissé de 1,6 % par rapport à l'année 2001. Depuis quelques années, les baisses ont été particulièrement fortes dans le premier cycle (-3,5 %), elles sont dues plus particulièrement à une modification des structures démographiques entraînant une baisse du nombre de jeunes bacheliers ainsi qu'à d'autres choix d'orientation. Cette baisse s'observe également dans le second cycle au contraire du troisième cycle où la tendance est inverse (+ 2,8 % de hausse). Les plus fortes baisses ont été enregistrées dans deux académies de la zone Transmanche : l'académie de Caen et de Rouen. En Île-de-France, les effectifs sont également à la baisse, les académies de Paris et Versailles ont ainsi vu leur nombre d'étudiants baisser au contraire de l'académie de Créteil. Il n'en demeure pas moins que un quart des effectifs étudiants français se concentre dans ces trois académies de l'Île-de-France. En Angleterre, le nombre d'étudiants a doublé de 1985-1986 à 1997-1998.

En Angleterre, la croissance se poursuit régulièrement et ne connaît pas encore de baisses significatives, on assiste pour le moment à un maintien des effectifs, même si des difficultés de financement se posent outre-Manche.

Autre caractéristique notable de l'évolution des effectifs en France comme en Angleterre, on assiste depuis quelques années à une forte croissance de la proportion de femmes, alors qu'en parallèle, les effectifs ont plutôt tendance à baisser ou tout au plus à se maintenir. La croissance du nombre d'étudiants dans les universités britanniques s'explique en partie par la croissance des effectifs féminins. Les femmes représentent ainsi 51 % des effectifs totaux, soit 1 121 291 individus, alors que quinze ans plus tôt, elles n'étaient que 37 % à poursuivre des études dans l'enseignement supérieur. En France, sur la même période, la progression des femmes est de l'ordre de 33,7 %. Moins nombreuses que leurs homologues britanniques – 787 644 à la rentrée 2001/2002 –, elles représentent pourtant 56,1 % des effectifs totaux.

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Répartition géographique des étudiants dans les universités

En France, à la rentrée 2001, 59 % des inscrits dans l'enseignement supérieursont concentrés dans les académies de Paris, Lille, Versailles, Lyon, Créteil, Toulouse, Rennes, Aix-Marseille et Nantes. Ces académies accueillent de gros pôles universitaires et ont vu se développer de nombreuses filières d'enseignement supérieur. Dans le contexte français, l'académie de Paris domine même si un certain équilibrage a été opéré au profit des métropoles régionales. Sur l'ensemble du territoire national, les universités se répartissent régulièrement respectant le découpage académique. Seule Paris se distingue de l'ensemble national de par le poids, l'ancienneté et un certain « prestige » de ses universités et grandes écoles, mais paradoxalement, cette académie se distingue également par le faible nombre d'IUT et de sections de techniciens supérieurs. Àl'inverse, les petites académies accueillent de nombreuses formations technologiques.

Dans la zone Transmanche, côté français, les universités accueillant les effectifs d'étudiants les plus importants sont celles de Rennes, Lille, Caen, Rouen et Nantes. En Angleterre, les étudiants se concentrent essentiellement dans les universités londoniennes ou proches du Grand Londres. 13,5 % des étudiants sont inscrits dans ces universités. Les plus importantes universités en termes d'effectifs de la zone Transmanche, côté anglais, sont celles de Plymouth, de Bedfordshire (De Monfort University), de Bristol, de Cambridge et d'Oxford. Comme en France, les effectifs des universités restent relativement homogènes.

Répartition des étudiants par filières en France et en Angleterre

En France, les étudiants inscrits en universités sont au nombre de 1 286 000 répartis entre les trois cycles : 576 000 dans le premier cycle, 484 000 dans le second et 226 000 dans le troisième cycle. Le reste des 1 404 000 étudiants se répartit entre les IUT, les Instituts Universitaires de Formations des Maîtres, les classes supérieures, les écoles d'ingénieurs, et les autres formations ou écoles spécialisées.

Nombre d'étudiants inscrits en 2001/2002 en France (métropole +DOM)
Structure d'enseignement supérieur Nombre d'étudiants inscrits
Universités 1 286 000
Dont premier cycle 576 000
Dont second cycle 484 000
Dont troisième cycle 226 000
Institut Universitaire de Technologie (IUT) 118 000
Institut Universitaire de Formation des Maîtres (IUFM) 84 000
Classes supérieures 318 000
Dont sections de techniciens supérieurs (STS) 247 000
Dont classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) 71 000
Ecoles d'ingénieurs 63 500
Autres (paramédical, social, commerce, gestion...) 290 500

 

En université, on observe trois regroupements d'effectifs, principalement dans les filières de Sciences Humaines et Sociales (229 500) ou de Droit/Sciences Politiques (177 500). En Sciences, si l'on considère à la fois les filières de Sciences et Structures de la Matière, Sciences et Technologies, Sciences de l'ingénieur, Sciences de la nature et de la vie, on obtient un total de 277 980 étudiants, dépassant la filière Sciences Humaines et Sociales.

En Angleterre, si les filières ne sont pas tout à fait identiques à celles du système supérieur français, on peut toutefois effectuer quelques rapprochements. Les plus importants effectifs étudiants se retrouvent dans les filières commerciales et administratives (246 780) puis viennent les Sciences de l'ingénieur : Computer Science (118 345) et Engineering & Technology (132 580)

Au contraire de la France, les Sciences Humaines et Sociales (Humanities, Social, economic and political studies) ou le Droit/Sciences politiques n'accueillent pas les effectifs les plus importants. Les filières scientifiques regroupent près de 450 000 étudiants soit 20,5 % des effectifs totaux, sans compter les étudiants qui sont comptabilisés dans la filière « combined » et qui peuvent également inclure ces disciplines dans leur cursus.

Répartition des étudiants par filières, 2001/2002 France
Filières Nombre d'étudiants
Droit - Sciences politiques 177 340
Sciences économiques, gestion (hors AES) 115 261
AES 52 015
Lettres – Sciences du langage - Arts 120 262
Langues 128 972
Sciences Humaines et Sociales 229 340
Sciences et structure de la matière 100 554
Sciences et Technologie – Sciences pour l'ingénieur 97 460
Sciences de la nature et de la vie 79 966
STAPS 44 759
Médecine - Odontologie 114 606
Pharmacie 25 419
IUT 118 060
Répartition des étudiants par filières, 2001/2002 Royaume-Uni
Filières Nombre d'étudiants
Medicine & dentistry 47 640
Subjects allied to medicine 244 755
Biological sciences 94 560
Veterinary science 4 105
Agriculture & related subjects 15 500
Physical sciences 66 845
Mathematical sciences 21 800
Computer science 118 345
Engineering & technology 132 580
Architecture, building & planning 44 830
Social, economic & political studies 151 975
Law 63 870
Business and administrative studies 246 780
Librarianship & information science 32 570
Languages 99 165
Humanities 70 505
Creative arts & design 115 485
Education 161 075
Combined 353 700

 

Fonctionnement de l'enseignement supérieur

En Angleterre

Le système universitaire britannique est fortement influencé par les évolutions politiques et sociales du pays. L'Education Reform Act promulgué en 1988 met fin aux University Grants Committee, les comités gérant les subventions des universités. Ces comités possédaient une certaine autonomie déplaisant à l'État. Ils furent remplacés par les University Funding Council, des « Conseils des finances » sous contrôle des autorités locales. À cette époque 30 Polytechnics Universities et 50 Colleges acquièrent leur autonomie et sont alors financés par le Polytechnics and Colleges Funding Council. Mais ce système de financement complexe est modifié en 1992, dans un souci d'uniformisation, particulièrement entre « vieilles » et « nouvelles » universités. Le système de financement est alors unifié et redivisé en trois conseils dont les prérogatives répondent à un découpage géographique (un conseil pour l'Écosse, un pour l'Angleterre et un dernier pour le Pays de Galles). En fait, ce système qui se veut unifié, n'a pas empêché que subsiste, aux yeux de l'opinion publique, une différence entre nouvelles universités et vieilles institutions. Cette différence tient peut-être aux enseignements qui y ont été et y sont encore aujourd'hui dispensés. Les vieilles universités, datant du XV-XVIe siècle sont réputées pour leurs enseignements en Lettres, Arts et Sciences Humaines et Sociales, au contraire des Polytechnics qui se sont tournées vers une demande croissante en sciences appliquées et en nouvelles technologies. On distingue en fait six grands types d'universités au Royaume-Uni :

 

Les vieilles universités Oxford, Cambridge, St Andrews, Glasgow, Aberdeen, Édimbourg Plus de 500 ans d'âge
Les vieilles universités « Redbrick »
(Older civic universities)
11 au total :
London Federal University, Leeds, Manchester, Birmingham, Sheffield, Newcastle, Wales Federal University...
Développées au XIXe siècle, à la révolution industrielle
Les nouvelles universités « Redbrick »
(Newer civic universities)
7 Collèges de l'Université de Londres situés en province deviennent indépendants :
Nottingham, Leicester, Southampton, Reading, Exeter, Hull...
Développés dans les années 1950
« New Green Field » 8 nouvelles institutions crées ex-nihilo :
York, East Anglia, Kent, Essex, Sussex, Lancaster, Warwick, Stirling
Développées au début des années 1960
« New Universities »
(Upgraded colleges of advanced technology)
10 collèges reçoivent le statut d'universités :
Aston, Bath, Bradford, Salford, Strathclyde...
1966-1967
« Post 1992 » « New Universities » 30 anciens polytechnics (datant de 1966), 2 anciens collèges d'éducation supérieur, 6 anciennes « Central Institutions » écossaises deviennent des universités :
Portsmouth, Sheffield, Oxford, Brookes, Sunderland, De Monfort...
1992

 

Peu à peu, ces nouvelles Polytechnics Universities ont acquis une certaine autonomie et se sont développées particulièrement dans les domaines des arts et des sciences humaines et sociales. Il subsiste pourtant des différences entre les deux types d'universités anglaises qui tient en grande partie à l'image que s'en fait le grand public.

Sur le plan du financement, les universités sont soumises aux aléas de la conjoncture économique nationale et aux orientations du gouvernement en matière de dépenses publiques. Les difficultés que rencontrent les universités les obligent à trouver de nouveaux modes de financement, en développant des activités commerciales de type consulting ou en se spécialisant dans de nouveaux services à destination du secteur privé, financeur essentiel des universités britanniques.

Alors que les années 1960 ouvraient la voie à un système universitaire plus égalitaire, aujourd'hui le système est avant tout orienté vers une recherche permanente de rentabilité et d'efficacité dont dépend son financement. Dans un esprit de concurrence et de rentabilité, les universités sont ainsi évaluées et financées en fonction d'un certain nombre de critères tant en matière d'enseignement, que de recherche.

En France

L'enseignement supérieur en France s'organise autour des 82 universités réparties dans les dix académies qui découpent le territoire hexagonal. À ces universités, dont certaines datent de plus de 500 ans, s'ajoutent trois instituts nationaux polytechniques, 112 IUT, des écoles d'ingénieurs, des unités de recherche et de formation, les 30 IUFM, les quatre écoles normales supérieures, les lycées publics accueillant les classes préparatoires aux grandes écoles et les sections STS ainsi que les différentes écoles publiques ou privées d'ingénieurs, de commerce, d'administration, d'art ou du secteur médical ou paramédical.

Durant les années 1990, le nombre d'établissements a augmenté (plan université 2000). De nouvelles universités ont vu le jour, les antennes universitaires se sont multipliées ainsi que les IUT.

Parallèlement et depuis 1993, les écoles d'ingénieurs se sont multipliées, alors qu'à partir de cette date et jusqu'en 1998, les écoles de commerce et de gestion ont vu leur nombre baisser. Depuis 1999, cette situation a tendance à s'inverser. Les blocs d'enseignement du premier et second cycle sont équivalents d'une université à l'autre. Les troisièmes cycles et les diplômes spécialisés font l'objet de différenciation. C'est à ce niveau principalement que l'impact de la recherche se fait, que l'attractivité des formations, des équipes, de l'université se joue. C'est sur ce niveau que les interventions ciblées de l'État et des Régions dans le cadre des politiques ministérielles et des axes recherches des contrats de plan État-Région s'effectuent. Au printemps 2003, le Ministère français a préparé une modification de ce fonctionnement dans un projet dit « d'autonomie des universités ». À la date de cette note, il crée des remous, est reporté et on ne peut prédire ce qu'il en adviendra. Le système français est riche de rebondissements de cet ordre.


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