L'espace Manche est un espace vulnérable. De nombreuses activités s'y côtoient au quotidien, activités qui peuvent impacter l'espace plus ou moins durablement et plus ou moins fortement. Aux vulnérabilités d'ordre anthropique, on se doit d'ajouter celles liées aux éléments naturels, tel que le vent, les précipitations et la houle.

L'ensemble de ces différents aspects pris en compte permet de dresser la carte des espaces sensibles, sur lesquels il est parfois bon de porter l'attention. Les sites terrestres qui concentrent des établissements présentant des risques potentiels pour les populations et le milieu naturel sont nombreux dans la zone. On en comptabilise 115 dans les départements français littoraux et 21 dans les comtés anglais littoraux de la Manche. Les concentrations sont importantes dans le Nord–Pas-de-Calais, en Seine-Maritime et dans le Hampshire, à proximité des grands ports du Havre et de Dunkerque ou de Southampton.

Ces sites classés SEVESO pour la France ou COMAH pour le Royaume-Uni sont très réglementés et c'est plus la multiplication des établissements qui rend vulnérable les populations vivant à proximité que les sites eux-mêmes. Ainsi, là où sont implantés les 49 sites côté français, 711 065 habitants vivent au quotidien.

Les éléments naturels sont une autre source de fragilisation de l'espace terrestre. Les zones de submersions marines potentielles jalonnent le littoral de part et d'autre de la Manche. Lorsque se trouvent conjuguées de fortes marées et des précipitations importantes, ces zones peuvent être soumises à de très fortes inondations. Le Sud anglais est particulièrement exposé à ce type de risque, tout comme la plupart des estuaires côté français. Chaque année, ces zones connaissent des inondations importantes. L'impact est d'autant plus fort côté anglais que les concentrations de populations y sont élevées.

Un autre phénomène vient accentuer la sensibilité de certaines zones, celui de l'érosion littorale. Les vents forts et la houle impactent le littoral entraînant des déplacements de matériaux, creusant les falaises et les dunes de sable et érodant au fil du temps des portions importantes du littoral. Ces accidents d'ordre naturel fragilisent les littoraux alors même que certaines activités à hauts risques y sont implantées.

La mer elle-même n'est pas en reste. Les risques liés aux transports maritimes peuvent entraîner des pollutions de différents types. Sept zones sont particulièrement dangereuses pour la circulation maritime. On y recense sur près d'un demi-siècle quelques 213 accidents. Les entrées dans les dispositifs de séparation du trafic maritime sont des zones particulièrement exposées au risque d'accident, tout comme le sont les zones d'entrées dans les ports (Le Havre – Medway vers la Tamise). Les conséquences peuvent être très dommageables pour l'espace marin, les hommes, la faune et la flore mais aussi les activités économiques qui y sont présentes.

À terre comme en mer, l'espace Manche est un espace sensible ou la concentration des activités humaines doit s'accommoder de conditions naturelles parfois hostiles.