Liaisons ferryLiaisons ferry
 
Situation des liaisons maritimes transmanche au début 1997
Auteur : Jean-Marc Joan

Le paysage des liaisons maritimes transmanche évolue très rapidement et en profondeur.

L'automne 1996 restera marqué par l'annonce de nombreuses restructurations dans les compagnies de ferries. Celles-ci sont destinées à préparer la prochaine saison estivale.

  • La fusion des deux compagnies leader du transmanche, P&O et Stena Line, ne concerne, pour l'instant, que les services du Détroit (Calais-Douvres et Zeebrugge-Douvres) ainsi que la ligne Dieppe-Newhaven. Mais elle pourrait se traduire par de futurs bouleversements sur les autres secteurs.
  • P&O conforte son leadership en acquérant la totalité du contrôle de la compagnie North Sea Ferries, jusqu'alors spécialiste des lignes longues de la mer du Nord. Cette situation soulève d'ailleurs de nombreuses interrogations relatives à la création d'un véritable monopole maritime sur le transmanche.
  • Le gouvernement belge a décidé de mettre fin à la RTM (Régie des Transports Maritimes) dont l'État était l'unique actionnaire. Cette compagnie exploitait la liaison Ostende-Ramsgate. Cette liaison pourrait cependant être maintenue par la Sally Line qui s'associerait avec un constructeur de navires rapides australien, afin d'ouvrir une liaison rapide entre Ostende et Ramsgate.
  • Deux lignes dans l'Ouest français vont fermer, Cherbourg-Southampton et Saint-Malo–Poole.
  • Parallèlement, les opérateurs ont limité les moyens nautiques sur certaines lignes, ce qui soulève des interrogations sur la pérennité de ces lignes et parfois des compagnies concernées. Sally Line a supprimé un navire sur Dunkerque-Ramsgate. P&O et BAI ont supprimé les fréteurs qu'elles exploitaient respectivement sur Le Havre-Portsmouth et Caen-Portsmouth. Eurolink abandonne le trafic passagers entre Flessingue et Sheerness.

Le paysage du transmanche évolue très rapidement et devrait encore connaître d'importants bouleversements d'ici à l'été 1997. Cette situation se traduit par des licenciements massifs (plus de 1 500 emplois auront été supprimés entre septembre 1996 et février 1997 et presque autant pourraient être supprimés au printemps 1997 avec la disparition de la RTM à Ostende).

Parallèlement de nombreux emplois indirects et induits sont menacés, notamment dans les ports où le transmanche représente quasiment une mono-activité.

Le paradoxe du transmanche reste la combinaison entre un accroissement des volumes de trafics et une détérioration des résultats financiers des opérateurs, y compris Eurotunnel qui enregistre pourtant un certain succès commercial. Cette situation est due à une chute considérable des tarifs, surtout pour le fret, tandis que le secteur des passagers est artificiellement gonflé par des volumes d'excursionnistes qui traversent à des prix parfois dérisoires (10 francs).

La principale question est de savoir si les restructurations décidées cet automne seront suffisantes pour rétablir l'équilibre du marché. Cela n'est malheureusement pas encore certain.


Haut