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1980 À l'échelle régionale l'étude des données INSEE de 1982 concernant l'implantation des Anglais en zone transmanche fait apparaître des disparités. Comme le montre la carte de répartition de la population britannique par région en 1982, c'est le Nord–Pas-de-Calais qui arrive en tête avec 379 Anglais résidents recensés en 1982 puis viennent la Haute-Normandie (231) et la Picardie (214). Enfin, loin derrière apparaissent la Bretagne (195), la région Loire-Atlantique (163) et la Basse-Normandie (131). L'étude des données de l'INSEE de 1990 et la carte de répartition de la population par région en 1990 donne un profil différent de celui de 1982. En effet, les régions Nord–Pas-de-Calais et Bretagne arrivent en tête avec respectivement 471 et 470 Anglais résidents recensés en 1990. Puis vient derrière la région Loire-Atlantique qui comptabilise 359 individus. D'autre part, les Britanniques sont les moins bien représentés en Picardie, Basse-Normandie et en Haute-Normandie. Sur la période 1982-1990, l'évolution, en valeurs absolues, la plus significative concerne la région Bretagne avec un gain de 275 Anglais. Puis viennent les régions de la Loire-Atlantique avec un gain de 196 Britanniques et de la Basse-Normandie avec 140 individus recensés. Quant au Nord–Pas-de-Calais (92), la Haute-Normandie (61) et la Picardie (56), on observe une croissance plus modérée du phénomène sur la période. D'autre part, l'étude de l'évolution selon les valeurs relatives est intéressante dans la mesure où elle fait apparaître des différences entre les départements. On observe des clivages entre ceux dont la croissance est positive et ceux dont la croissance est stagnante voire négative. Cependant, l'étude de ces chiffres est à manipuler avec précaution car elle révèle quelquefois de fortes croissances pour des valeurs absolues très faibles. Ainsi, le département de la Vendée comptabilise en 1982, seulement huit Anglais alors qu'en 1990 elle comptait 59 individus. Sur la période l'évolution est spectaculaire : 7.37 points soit 737 % d'évolution. Ce chiffre est peu révélateur puisque les valeurs absolues demeurent faibles par rapport à d'autres départements étudiés. Il en va de même pour les cantons. En effet, pour le canton de Calais-centre la part des Britanniques dans la population étrangère est de 58 % en 1990, alors qu'en valeurs absolues on passe de 4 Anglais à 18 entre 1982 et 1990. Pourquoi de tels clivages subsistent-ils ? L'accessibilité est la première raison qui peut être invoquée. Elle est devenue un enjeu majeur dans l'organisation spatiale et l'intégration d'un territoire. Ces logiques territoriales des pays apparaissent à travers leurs systèmes de liaisons ferroviaires et de leurs choix technologiques. En France, cette stratégie s'est portée sur la construction de lignes à grande vitesse en site propre. Mais la faible fréquence des TGV et l'absence des voies transversales, évitant la capitale parisienne, ne permet pas d'améliorer l'accessibilité de l'ensemble du territoire. Ce sont les liaisons importantes notamment entre le Nord de la France et la Grande-Bretagne qui peuvent expliquer la forte implantation des Anglais dans la région Nord–Pas-de-Calais. Il faut noter l'importance du trafic en ces lieux, rendu possible par les liaisons maritimes transmanche via les compagnies de ferries qui concentrent l'essentiel du trafic de passagers et de marchandises sur cet espace (liaisons Douvres-Calais, Folkestone-Boulogne, Ramsgate-Dunkerque). En effet, les Calaisiens espèrent attirer encore d'avantage d'Anglais, aussi ont-ils lancé l'aménagement d'un vaste « centre commercial à vocation Euro ». Mais Eurotunnel souhaite construire, au débouché du Tunnel à Coquelles, une zone commerciale rivale la future « cité de l'Europe ». Par ailleurs, il convient de souligner l'importance du Tunnel sous la Manche qui permettra dans la période suivante des gains de temps. De plus l'amélioration des dessertes routières transversales raccourcit les temps de trajet comme l'autoroute des Estuaires. L'importance du nombre d'entreprises anglaises implantées en zone transmanche révèle la mise en place de stratégies concernant la localisation des Britanniques dans cet espace. En effet, il existe une forte corrélation entre la localisation des entreprises anglaises et l'installation des Anglais dans ces espaces : le Nord–Pas-de-Calais, la Bretagne et accessoirement la Basse-Normandie... Cependant, ce nombre d'entreprises anglaises ramené au nombre d'entreprises totales de chaque zone d'emploi est en proportion minime. La Bretagne et le Nord–Pas-de-Calais sont les régions où les implantations sont les plus nombreuses. En 1997, elles concentrent à elles seules les deux tiers des entreprises. Les Britanniques sont surtout motivés par le cadre de vie, les prix du foncier, les modes de vie, la culture et la campagne. De plus, beaucoup d'entre eux ont une résidence secondaire en France. En ce qui concerne la Bretagne et la région Loire-Atlantique, la présence des Anglais en ces lieux peut se justifier par la part croissante de personnes à la retraite. Elles souhaitent y finir leurs vieux jours, motivées par la douceur ambiante du climat et les prix du foncier très attractifs. L'achat de maisons se fait généralement en fin de carrière, vers l'âge de 50 ans. Ce phénomène s'est développé dans les années 1989-1990. Ainsi, il nous manque du recul pour analyser leur comportement au moment de la retraite. À l'échelle départementale, en valeurs absolues, on observe de grands clivages. Ainsi en 1982, nous remarquons que les Britanniques sont très présents dans les départements du Nord, du Pas-de-Calais, de la Seine-Maritime avec un maximum de 215 individus. Puis viennent les départements du Morbihan, de la Somme, du Finistère où les Britanniques sont moyennement représentés. Enfin, dans les départements de la Vendée (8 individus) et de la Mayenne (7 individus) leur nombre est infime. De façon générale, leur présence se traduit par un déséquilibre territorial. Ces distorsions peuvent s'expliquer par les degrés d'équipement des départements, les prix du foncier et l'attractivité climatique... En 1990, on peut distinguer six groupes :
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