19901990
 
Le trafic maritime des îles Anglo-Normandes
(1997)
Auteur : Christian Fleury

Structure et volumes des liaisons maritimes de Guernesey (1997)
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Structure et volumes des liaisons maritimes de Jersey (1997)
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Par manque de données détaillées, les chiffres concernant les relations Jersey-Royaume-Uni sont globalisés. Il convient cependant de préciser que Poole domine pour les passagers et Portsmouth pour les conteneurs. Le chiffre des passagers entre Saint-Malo et Jersey est également une estimation.

Quoiqu'il en soit, ces deux cartes illustrent l'atonie des relations entre les îles Anglo-Normandes et le département de la Manche. Les liaisons, saisonnières, entre Granville, Portbail, Carteret et Diélette d'une part et Jersey et/ou Guernesey d'autre part ne dépassent guère le cadre de l'excursion pendulaire proposée aux touristes séjournant sur les côtes normandes. Du côté insulaire, on considère, notamment à Jersey, que la Normandie « si proche et si différente » pourrait constituer un plus à l'offre touristique en direction des staying visitors, essentiellement britanniques, séjournant dans les îles.

 
Distribution par origine géographique des touristes ayant séjourné à Jersey en 1996
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Jersey Statistical Review 1997

 

Ce projet somme toute modeste, se heurte néanmoins à des difficultés qui rendent son application incertaine. La quasi-absence du côté normand de sociétés de location de voitures est un phénomène peu mis en évidence mais cependant rédhibitoire. L'inadéquation, accentuée par le décalage horaire, pour les insulaires des horaires de traversée, ne pourrait être corrigée que par l'armement de navires au départ des îles, ce qui n'est pas actuellement à l'ordre du jour. Encore faudrait-il que les structures portuaires continentales permettent un service efficace. Or, force est de constater que Granville, seul véritable pôle littoral de la côte Ouest du Cotentin, ne joue pas le rôle de tête de pont en l'absence notoire de port en eau profonde qui l'affranchirait du handicap d'un des plus forts marnages mondiaux (maximum de 14,45 m) répertoriés pour un site portuaire. Cherbourg, à la situation franchement péninsulaire et coupé du golfe normand-breton par le difficile passage du Raz Blanchard, n'est pas parvenu, malgré plusieurs tentatives, à stabiliser des liaisons maritimes suivies avec les îles.

Cette situation laisse Saint-Malo en position très dominante en ce qui concerne les relations îles-continent. Le port breton canalise environ 15 % du fret à l'arrivée et au départ de Saint-Hélier (5 % pour Guernesey). Pour les passagers, la situation est meilleure, respectivement plus de 20 % (estimation) et 12 % en raison de la relation tout au long de l'année assurée par le Solidor III, catamaran rapide de Emeraudes Lines, capable de transporter passagers et voitures en soixante-quinze minutes. Saint-Malo détient, si l'on excepte les très modestes trois cents tonnes de matériaux de construction convoyés à partir du port de Diélette vers Aurigny et Guernesey, le monopole des transports maritimes de fret entre les îles et le continent assurés majoritairement par la compagnie Commodore Shipping. Cependant, si l'on compare avec le trafic Royaume-Uni/îles Anglo-Normandes, on constate que la proximité n'est pas un facteur déterminant pour les échanges. Les ports anglais de Poole, pour les liaisons ferry et de Portsmouth pour les vracs et les conteneurs voient transiter l'écrasante majorité de tout ce dont ces espaces insulaires, petits et à haut niveau de vie, ont besoin.

La Basse-Normandie constitue l'élément faible du triptyque relationnel des îles Anglo-Normandes. Deux déséquilibres emboîtés la laissent en bout de piste : le déséquilibre Grande-Bretagne/continent et le déséquilibre Bretagne/Normandie en ce qui concerne les relations avec le continent. Cette situation est incontestablement le reflet de liens commerciaux distendus. La successs story des salades sous vide de la SOLECO ne doit pas faire oublier que la plupart des projets normands de relations commerciales avec les îles ne dépasse guère l'effet d'annonce du côté normand et les déclarations d'intention du côté insulaire. Ainsi, le projet de pôle horticole Guernesey-Val de Saire, susceptible il y a trois ans « de concurrencer les Pays-Bas » est au point mort comme le sont les volontés affichées par Manche Expansion à la même époque de permettre à une douzaine d'entreprises bas-normandes, essentiellement dans le secteur agro-alimentaire, de mettre le pied sur les îles. Finalement, c'est le domaine de l'énergie qui fournit à la Basse-Normandie la transaction la plus significative avec les îles Anglo-Normandes.


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