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Représentation graphique de l'accessibilité : cartes en isochrones et anamorphose.
Auteur : Jean-Charles Denain

Pour déterminer l'accessibilité d'un réseau de transport, divers indicateurs peuvent être retenus : le temps de parcours entre deux villes, son prix, le confort du voyage, mais aussi un coût généralisé combinant plusieurs variables...

Le premier indicateur a été retenu pour illustrer les exemples qui vont suivre, car son utilisation et son interprétation restent simples. Les temps minimums d'accès, par ferry et par route, en voiture individuelle, ont été recherchés pour 76 villes. Les calculs ont permis de connaître leur accessibilité transmanche et de la cartographier à l'aide d'isochrones : ce type de représentation par plage permet de visualiser aisément par tranche horaire le temps à parcourir d'une ville à une autre.

La répartition des auréoles sur chaque territoire national, se fait de manière concentrique autour de chaque ville de référence, car la vitesse sur route reste très dépendante de la distance. Seule la présence et la traversée de grandes agglomérations (Londres à partir de Portsmouth) et l'absence d'autoroutes (Compiègne et Creil à partir de Rouen) « déforment » ces isochrones.

L'anamorphose est une technique cartographique que l'on peut aussi utiliser et qui permet d'obtenir une vision déformée du territoire en fonction des temps de transport. Les différences d'accessibilité entre les villes du réseau vont s'exprimer à travers les contractions et dilatations cartographiques. Les isochrones des exemples précédents se transforment ici en cercles horaires, concentriques, équidistants, autour de la ville de référence.

Avec l'exemple de l'accessibilité routière et maritime, les déformations sont d'autant plus accentuées que les temps sont longs. Le nord-ouest de la France apparaît ainsi plus déformé de Londres et Portsmouth que le sud de l'Angleterre ne l'est à partir de Paris et Rouen car les distances à parcourir du côté français pour ces deux villes sont tout simplement plus grandes.

Au départ de Londres, l'étalement de l'urbanisation ne permet pas un accès rapide aux villes les plus proches : cela se traduit graphiquement par une dilatation plus forte des carreaux.

La contraction du territoire français est plus forte pour Paris que pour Rouen alors que l'accessibilité de cette dernière est meilleure. La raison de ce paradoxe provient des conditions autoroutières plus favorables pour la capitale française (réseau radial étoilé) : elles lui permettent d'améliorer considérablement son accessibilité par rapport à ce qu'elle devrait être, au regard de sa position géographique excentrée dans le semis de villes. Rouen, géométriquement plus centrale, a par contre une accessibilité « réelle » plus mauvaise que son accessibilité « théorique » car la recherche d'un temps minimum l'oblige à effectuer des détours et à passer par le détroit.

Quelque soit le choix de représentation, par isochrones ou par anamorphose, ces cartes restent l'expression d'une accessibilité conditionnée par la recherche d'un temps de parcours minimum. L'intégration d'indicateurs plus complexes permettraient d'obtenir, bien sûr, d'autres résultats graphiques. Même si elle fait apparaître quelques éléments nouveaux, la lecture d'une anamorphose reste cependant plus compliquée que celle d'une représentation en isochrones, car elle passe par une ré-interprétation complète et combinée de l'information et de la géométrie de la carte, exercice parfois difficile et hasardeux.


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