Paysage démographiquePaysage démographique
 
Des densités de population inégales (2001)
Auteurs : Pascal Buléon, Frédérique Turbout

 

À l'échelle planétaire, la population vit majoritairement près des côtes : la moitié à moins de 200 kilomètres de la mer et plus d'un quart à moins de 50 kilomètres. L'espace Manche illustre à merveille ce tropisme littoral et sublittoral puisque, avec près de cinquante millions d'habitants, soit plus de 10 % de la population de l'Union européenne, elle compte presque 500 habitants au km², densité plus de quatre fois supérieure à la moyenne communautaire, et cela précisément grâce à l'occupation intense de son littoral et de son arrière-pays immédiat où l'on compte partout plus de cent habitants au kilomètre carré.

Certes, ces valeurs exceptionnelles doivent beaucoup au poids des deux régions capitales (plus de 29 millions d'habitants pour l'Île-de-France et le Grand Londres, soit 59 % du total). Mais même sans la région parisienne, l'ensemble Transmanche compte encore 38,5 millions d'habitants, soit autant que la Pologne. La position excentrée des deux villes mondiales par rapport à l'espace Manche comme le fort peuplement du Nord français et du littoral du sud-est anglais engendrent cependant une première dissymétrie est-ouest. Un gradient de densité décroissante s'observe ainsi depuis les valeurs records de la mégalopole londonienne et de la région parisienne à l'Est jusqu'aux espaces à dominante rurale des finisterres occidentaux, les densités pouvant même descendre sous les 30 habitants au km² dans les « montagnes atlantiques » les plus arrosées (Dartmoor, reliefs de Cornouailles anglaise, monts d'Arrée).

Cette opposition recoupe partiellement la domination du fait urbain dans la partie orientale où se trouvent les deux agglomérations capitales, de nombreuses conurbations (Lille, ancien bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, littoral anglais d'Hastings à Bournemouth) et des couloirs très occupés (vallées de la Seine, de l'Oise et de la Loire, corridors du sud-est anglais). L'étalement de Londres, la succession des ports et des centres de villégiature sur la côte méridionale de l'Angleterre et d'une façon générale la plus forte densité de l'Angleterre par rapport à la France créent une seconde dissymétrie entre les deux rives, cette fois dans la mesure où la partie britannique (730 habitants au km²) est près de trois fois plus dense que son vis-à-vis (255 habitants au km²).

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