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Trafic passagers La mer de la Manche est le premier couloir de circulation maritime au monde si l'on considère le transport de marchandises. Avec plus de 33,7 millions de passagers transportés en 2009, les ports de la Manche s'affirment également comme un espace maritime majeur dans le transport de passagers. Sept opérateurs différents et plus de 70 rotations de ferries au quotidien animent ce secteur d'activité. Comme tous les secteurs du transport maritime, le trafic de passagers a subi les conséquences de la crise économique mondiale. Les trafics sont en baisse dans une majorité de ports de la zone ceci dans un contexte de concurrence exacerbée entre compagnies.
1. Un contexte économique peu favorisantLe transmanche n'a pas été épargné par la crise économique. Cette dernière s'est traduite abruptement par une baisse du nombre de passagers traversant la Manche, que la provenance soit française ou britannique. Ainsi entre 2008 et 2009, le transport maritime sur la Manche a perdu quelques 1,8 millions de passagers. Un taux de change peu attractif pour les Britanniques et une situation économique difficile n'ont pas favorisé les déplacements transmanche. En 2009, les ports ont enregistré 33,7 millions de traversées contre 35,5 millions en 2008. Les chiffres sont relativement équilibrés entre les deux rives de la Manche, 17 millions pour les ports français transmanche contre 16,7 millions pour leurs voisins britanniques. En tête, on retrouve inévitablement les deux grands ports du détroit, Calais et Douvres. Sept traversées sur 10 se font par ces deux ports. Ils assurent à eux seuls 68,9 % du trafic passagers de l'espace Manche. Douvres arrive en tête avec un total pour 2009 de quelques 13 millions de traversées enregistrées et Calais suit avec 10,2 millions. On retrouve ensuite, à quelques encablures, les ports de Portsmouth, Dunkerque ou bien encore Caen-Ouistreham. Ce sont là les principales lignes de passages vers le Sud anglais. Les progressions sont faibles, entre 1 et 21 %, fortement dépendantes de la conjoncture économique mais aussi de la politique des compagnies maritimes transmanche. La plus forte progression est celle de Boulogne dont la croissance entre 2008 et 2009 atteint plus de 39 %. A n'en pas douter, il s'agit là des conséquences de l'installation de la compagnie LD Lines sur la ligne Boulogne-Douvres et la mise en place du hub-port. Les récents développements font cependant état d'un arrêt total des liaisons par la compagnie LD Lines et d'un désengagement total du port de Boulogne qui se retrouve donc sans plus aucun opérateur. Les résultats de 2010 ne manqueront pas de refléter cette situation qui suscite de nombreuses inquiétudes quant à l'avenir du hub-port et à son amortissement par les collectivités territoriales locales. 2. Géographie du trafic passagers transmancheLa Manche n'est pas un espace homogène si l'on considère le trafic des passagers. Les écarts sont importants entre les différentes parties de la Manche, Manche ouest, Manche centrale et détroit. Ce dernier voit transiter 26 millions de passagers entre ces deux rives, sans compter le trafic du tunnel. Si l'on ajoute les résultats d'Eurotunnel, le trafic passagers atteint alors 46 millions. En Manche centrale, les ports de Dieppe, Le Havre, Caen, Portsmouth et Newhaven totalisent un peu plus de quatre millions de passagers transmanche. Caen s'impose comme le leader de la Manche centrale avec son homologue britannique Portsmouth. En Manche Ouest, les ports de Saint-Malo, Roscoff, Cherbourg, Plymouth, Poole et Weymouth ont enregistré 3,1 millions de passagers en 2009, avec nettement en tête, les ports de Saint-Malo et Cherbourg. À noter cependant qu'une partie du trafic au départ de Saint-Malo se fait à destination des îles Anglo-Normandes, ces dernières enregistrant 559 000 passagers au départ de Granville ou de Jersey. Les résultats du trafic passagers transmanche sont très contrastés, et cela non pas entre ports français ou britanniques mais plus entre zones géographiques de la Manche.
3. Des résultats contrastés, des compagnies qui tentent de résisterDans ce contexte économique peu encourageant, les compagnies de ferry ont tenté de résister mais la crise laissera des traces dans le paysage transmanche. La reprise d'activité d' Eurotunnel assortie d'une politique commerciale offensive (traversée avec voiture à partir de 30 euros) concurrence directement les compagnies positionnées sur le Détroit. Eurotunnel enregistre des résultats records depuis l'été 1999. Son trafic a connu une hausse de quelques 17 %, avec près de 20 millions de passagers transportés. Il est vrai que l'incendie du Tunnel avait stoppé net le trafic pendant quelques temps, affectant fortement les résultats de 2008. Le fret est également en progression, puisque l'activité des navettes fret est en hausse de près de 35 %. Ces bons résultats ont des répercussions directes sur les résultats des autres compagnies ferry. P&O, leader sur le détroit depuis de nombreuses années, enregistre un recul de son trafic sur la route Calais-Douvres, recul qui laisse planer la menace de licenciements. SeaFrance, en redressement judiciaire depuis juin 2010, est mise en vente officiellement fin septembre, par sa maison mère, la SNCF. LD Lines se retire définitivement de Boulogne, laissant les responsables locaux dans l'expectative. Seule la compagnie Norfolkline résiste tant bien que mal. Le détroit s'affirme une fois de plus comme l'espace de tous les enjeux dans le paysage du transmanche maritime. Côté ouest, la grande gagnante est la compagnie Brittany Ferries, qui malgré la crise et une baisse de l'ensemble de la fréquentation sur ses lignes, parvient à maintenir son activité. Les lignes sur le transmanche ont toutes enregistré des chutes de fréquentation, exception faite de la ligne Cherbourg-Portsmouth dont les prévisions font attendre une hausse de 37 % du trafic pour 2009-2010. En fait, les résultats de la compagnie sont en grande partie assurés par les liaisons vers l'Irlande et l'Espagne. Ces dernières progressent respectivement de 20,9 % et 33,6 %. Ces bons résultats viennent conforter la position de la compagnie bretonne sur le transmanche ouest. Le fret, quant à lui, est également en baisse sur la plupart des lignes, le transmanche subit les effets de la restriction des importations, comme l'ensemble du secteur fret maritime Les effets conjugués de la crise économique mondiale, la période de morosité ambiante qui l'accompagne, des importations qui ont bien du mal à reprendre, assorties d'une concurrence exacerbée entre compagnies, remettent une fois de plus en cause la géographie du trafic passagers transmanche. Les prochains mois risquent de voir apparaître de nouveaux opérateurs, tout en confortant un peu plus ceux qui ont pu résister à cette période mouvementée. Haut |