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Recherche développement (2007)
Auteurs : Pascal Buléon, Louis Shurmer-Smith

Recherche et développement, ramassés dans l'acronyme anglicisé R&D, leur conjugaison est devenue une véritable orientation et souvent synonyme des nouveaux espaces industriels : corridors de haute technologie, technopoles, Science parks, centres d'innovation. Ils marquent une réorganisation de la production en rupture avec l'époque fordiste. Les bouleversements que les crises économiques des années 1980 ont introduit dans les tissus économiques et sociaux, le cours du développement économique mondial depuis lors, ont ancré cette constatation forte : l'introduction d'innovations dans les produits en accroît la valeur et la productivité générale, et plus on rapproche les milieux de recherche et d'innovation des entreprises, plus on accroît le rythme d'incorporation de l'innovation.

Les territoires qui ont vécu le plus durement des disparitions d'activités et d'emplois ont fait de la recherche-développement une des voies de sortie de leurs difficultés économiques. L'Île-de-France avec son plateau sud et Londres avec son croissant ouest/M4 cluster font cette course en tête avec une masse critique considérable de recherche-développement. Les contours de celle-ci sont nécessairement vagues. Elle comprend de la recherche, bien sûr, en organismes publics, parapublics et privés. L'accent peut être porté à des stades très divers, depuis la théorie, l'invention, l'innovation passée dans un process, jusqu'à l'application généralisée, répandue dans de nouveaux produits. Elle porte sur des molécules, des matériaux, mais elle porte aussi sur des dispositifs, des approches d'une question. C'est l'ensemble de ce spectre, de la réflexion la plus théorique jusqu'à l'incorporation dans la production, que couvre recherche et développement.

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Les universités et les organismes de recherche ont été poussés à travailler plus étroitement avec les entreprises. L'exigence de financement extérieur et une approche libérale ont été plus fortes côté britannique : de nombreux départements d'université s'appuient sur des financements extérieurs, les universités ont développé des filiales de droit privé, créant parfois comme à Chilworth, Southampton, de petits Science Parks. La structuration de la recherche, les dispositions juridiques se traduisent bien sûr par des dispositifs différents, mais la direction est la même : créer un milieu favorisant l'innovation économique. Des organismes ont été mis en place pour faire un pont entre milieux de recherche et entreprises, dans chacune des régions, en Angleterre et en France, il en existe de diverses sortes.

Le plus visible a été la création de sites et d'équipes humaines pour stimuler cette rencontre entre recherche et développement économique, organiser la proximité physique, la synergie. Les Technopoles sont ainsi nées, souvent dans des lieux bien paysagés, bien reliés pour stimuler l'appétit d'innovation dans le milieu économique, organiser rencontres et collaborations, au bout du compte créer un milieu favorisant. C'est un complexe très difficile à obtenir, stabiliser et faire durer.

Il y a dans l'espace Manche de nombreux points d'accroche de ce genre. Ils ont des tailles, des histoires, des fonctionnements très différents. Il faut une masse critique, être principalement dans les villes avec universités. Du côté anglais, très tôt, ces lieux de R&D ne se sont pas calqués sur la hiérarchie urbaine, mais situés à l'écart des grandes agglomérations, telle la Motor Sport Valley dans l'Oxfordshire semi-rural. Côté français hors pôle parisien, ce sont dans les capitales de région ou dans les lieux de forte industrie que se sont d'abord fixés les points les plus importants, à l'exception de la Bretagne où la R&D électronique télécom a, un temps, par décision volontariste, prospéré autour de Lannion. Les technopoles les plus importantes sont aujourd'hui à Rennes, Caen, Rouen, Lille. Souvent réalisée dans de petites entreprises, la R&D est aussi le fait de grands groupes.

Dans la dernière décennie, agences de développement d'État anglaises (SEEDA pour le Sud-est) et pouvoirs publics français ont cherché à intensifier cette mutation. Les pôles de compétitivité, les laboratoires mixtes grandes entreprises/recherche publique côté français et les Diamonds for Investment côté anglais, sont les nouveaux véhicules de cet effort lisible dans tout le tissu économique : intensifier les transferts, faire pénétrer la R&D dans les PME. La collaboration entre les deux côtés de la Manche est, jusqu'alors, très faible en ce domaine ; les premières voies, qui passent encore par l'Europe, les Centres européens d'entreprises et d'innovation, pourraient dans la prochaine décennie y amener. Ce serait là aussi une innovation, elle apporterait également de la valeur.

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