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Accessibilité - intermodalité Toute représentation cartographique résulte d’une transformation. La première de ces transformations permet de passer de la terre à la surface plane du papier, de l’écran, pour y dessiner l’organisation des lieux. À cet espace que l’on qualifie couramment de « géographique », nous intégrons une nouvelle dimension, la dimension du temps, du temps qui sépare les lieux, dimension qui génère une nouvelle transformation, de l’espace géographique à l’espace fonctionnel. L’espace fonctionnel donne ici à voir la structure du réseau de transport exprimé par les temps de trajet, déplace les villes, réorganise la trame urbaine. Le cheminement méthodologique développé par le professeur C. Cauvin à Strasbourg étudie l’accessibilité d’un réseau soit en partant de la totalité d’une matrice des temps de déplacement origine-destination (accessibilité globale, multipolaire), soit à partir ou à destination d’une ville source (accessibilité locale, unipolaire). La première étape consiste à déterminer les positions des villes en termes de distances-temps, en s’appuyant, dans le cadre des analyses multipolaires, sur les analyses multidimensionnelles des proximités qui permettent de résumer une matrice de distances à deux dimensions (qui s’assimilent à une série de coordonnées), ou, à l’échelle unipolaire, en appliquant les iso-distances, procédé qui calcule la valeur de l’éloignement ou du rapprochement des différents nœuds du réseau par rapport à une ville origine. La comparaison des positions géographiques et des positions en distances-temps se traduit par la carte des vecteurs de déplacement, tracés en filigrane sur les représentations de l’accessibilité globale. Ces résultats peuvent être étendus à l’ensemble de la surface par une interpolation, qui permet de dessiner l’espace transformé, l’anamorphose. Une trame resserrée repère les centralités, l’efficacité du réseau ; les mailles dilatées révèlent des temps plus lents, les zones marginalisées. Précisons que les valeurs calculées aux marges ne sont pas valides. L’anamorphose peut être complétée par la cartographie, sous forme d’aplats de couleurs, des valeurs de l’accessibilité. À l’échelle globale, seul le temps de trajet moyen peut être représenté. À l’échelle locale (Roscoff, Exeter), la ville, point de départ ou d’arrivée, est encerclée d’isochrones sur lesquelles s’échelonnent les autres villes du territoire étudié. Les deux vitesses du réseau expliquent l’ouverture de la Manche, liée au temps passif et plus lent de la traversée maritime, temps qui s’accélère et rapproche les agglomérations reliées par le réseau routier terrestre. D’une ville à l’autre, le temps modèle le territoire géographique. La Manche s’étire en hauteur sur les cartes de Roscoff (la première ville anglaise est à plus de 6 heures), alors qu’elle se dilate dans la largeur sur les images d’Exeter, sous l’impact de la longueur des trajets pour rallier les villes de Cherbourg, Caen, Rouen, Dieppe, Zeebrugge… Haut |