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Natalité et mortalité 1982-2017
Auteurs : Frédérique Turbout, Lydie Sauvé

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L'évolution de la natalité dans l'Espace Manche, tant côté français que britannique a suivi depuis 1982 une courbe descendante. La réduction de la natalité est un trait commun observable dans la majorité des pays européens et plus généralement, des pays ayant achevé leur transition démographique.

Alors que côté français de l'espace Manche, la natalité en 1982 se situait entre 16,1 et 15,9 naissances pour mille habitants, selon que l'on incluait ou non au taux la région Île-de-France, elle est en 2017 comprise entre 12,6 et 10,8 ‰. Côté anglais, le constat est identique mais l'ampleur du décalage entre les années 1980 et aujourd'hui est plus limité et affiche de légères reprises entre 1984 et 1990 et entre 2006 et 2013. Toutefois, ces légers soubresauts ne changent rien à l'évolution démographique générale qui se caractérise avant tout par une baisse des naissances. La situation politique et sociale des États influe directement sur les comportements natalistes ou non des populations.

Au Royaume-Uni, la courbe des naissances a subi quelques variances, avec une chute marquée à partir de 1998 jusqu'en 2001 puis une stagnation à compter de cette date. 2008 et la crise économique qui suit se lie également sur la courbe de natalité avec une légère baisse à partir de 2010 pour atteindre 11,5 ‰ en 2017.

En France, deux phénomènes se conjuguent qui peuvent justifier la baisse des naissances depuis 1982. À cette date, trois des cinq régions qui composaient la partie française de l'espace Manche appartenaient encore au "croissant fertile" français, cette zone de forte natalité et forte fécondité où les taux dépassaient la moyenne nationale. À cette époque, le taux de natalité côté français (autour de 16 ‰) était bien supérieur à celui observé côté anglais de l'espace Manche (entre 12,4 et 12,8 ‰) et pour cause, le sud anglais étant déjà qualifié de "Costa Geriatrica" par les Britanniques, une zone de fort vieillissement de la population où les naissances étaient peu nombreuses.

35 ans plus tard, côté français, les régions transmanche françaises ont rattrapé leurs homologues britanniques et voisinent les 10,9 naissances pour mille habitants. Cette chute relativement rapide de la natalité s'explique par un lissage des comportements démographiques, une baisse de la nuptialité et une hausse de la scolarisation et un allongement de la durée des études des jeunes filles. Ces changements ont enterré le "croissant fertile" français et unifié le paysage transmanche en matière de natalité.

Au final, si la natalité transmanche reste plus élevée que celle de l'Union européenne et proche des moyennes nationales françaises et anglaises, cette tendance lourde de l'évolution des sociétés n'est en rien une anomalie mais s'observe dans la plupart des pays sortis de leurs transition démographique. La tendance n'est plus aux naissances nombreuses, même si quelques pays résistent encore et si on observe parfois de légères reprises, souvent de courte durée, la tendance est aujourd'hui au vieillissement de la population.

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Plus généralement, qu'il s'agisse des régions côté anglais ou français, la courbe de mortalité s'est abaissée jusqu'en 2003. À compter de cette date, même si les accidents sont nombreux, la mortalité n'augmente plus.

Le décrochage de 2003 correspond à la forte canicule qui frappa les deux pays durant l'été, entraînant nombre de décès, particulièrement dans les classes d'âges les plus âgés. Dans le détail, si on exclut les deux grandes métropoles de la zone transmanche, Londres et Paris et leurs régions respectives, le niveau de mortalité est très proche de part et d'autre de la Manche, autour de 9,4-9,8 ‰ en 2017 et au-dessus des moyennes nationales (9,1 ‰) En intégrant les deux régions capitales, les résultats, en dessous des moyennes nationales. sont également proches, autour de 8 ‰. Enfin, la reprise qui semble s'amorcer depuis 2011 (à l'exception de 2014), illustre le vieillissement de la population qui impacte directement les taux de mortalité.


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