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Historique de l'évolution démographique en France et en Angleterre
Auteur : Frédérique Turbout

 

Les États français et britannique ont connu une histoire de leurs populations quasiment identique, influencée par la transition démographique. Les révolutions agricoles et industrielles du XIXe siècle ont permis le passage d'un régime démographique à forte natalité et forte mortalité à un régime dit moderne (baisse des naissances et des décès).

La baisse de la mortalité a été encouragée par les progrès réalisés dans le domaine du contrôle des épidémies avec la mise en place dès 1720 des premiers cordons sanitaires en France, faisant suite à un début d'épidémie de peste à Marseille. Parallèlement à cette limitation des risques de contagion, la France et le Royaume-Uni vont rapidement se rendre compte, face au développement de l'urbanisation, de l'importance qu'il peut y avoir à améliorer les conditions de vie des citadins. En France, sous Napoléon III, les préfets de la Seine, Haussmann, Chabrol et Rambutteau vont ainsi se donner comme priorité de fournir à chaque habitant, "de l'eau, de l'air, de la lumière" et vont favoriser l'amélioration des conditions sanitaires.

Le Royaume-Uni et plus particulièrement l'Angleterre se révèle être un précurseur dans ce domaine, généralisant dès le début du XIXe siècle, les réseaux d'adduction d'eau et limitant ainsi les risques d'épidémies de choléra.

Ce développement de l'hygiène individuelle et cette amélioration des conditions de vie vont favoriser la baisse de la mortalité. Les progrès de la médecine, dont la découverte du principe de la vaccination par Edwar Jenner et les innovations apportées par Louis Pasteur n'interviendront que tardivement, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, mais permettront de lutter efficacement contre les décès dus aux maladies infectieuses, telles que typhoïde, rougeole, diphtérie et surtout tuberculose. Globalement, l'évolution des deux pays en matière de mortalité est identique.

La principale différence réside dans la baisse des naissances. Dès la Révolution Française, la France a enregistré une chute de sa fécondité. Cette évolution constitue un cas atypique. Deux siècles et demi avant l'ensemble des pays européens, la France a entamé sa phase de restriction des naissances, phase qui s'est poursuivit jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.

Au contraire, l'Angleterre a connu cette évolution seulement à partir du premier conflit mondial, soit près d'un siècle et demi plus tard. Le second conflit se traduira par un boom démographique dans les deux pays, mais dès 1970 la baisse reprendra. La situation à l'heure actuelle est identique ; l'intensité, la rapidité ou au contraire la lenteur du phénomène ont engendré des différences. La principale conséquence de cette évolution diachronique s'observe aujourd'hui. La restriction des naissances en France est un phénomène établi et stabilisé depuis plus de dix ans (autour de 13,5 pour le taux de natalité, et de 1,7 à 1,8 enfant par femme pour la fécondité) ; cette situation est difficilement réversible parce que le comportement nataliste des Français est ancré dans les mentalités. Au Royaume-Uni, les courbes de natalité et de fécondité connaissent quelques soubresauts. L'évolution étant plus récente, les taux ne sont pas encore complètement stabilisés (13 à 14 pour le taux de natalité et 1,8 à 1,85 enfant par femme pour la fécondité).

La transition s'est donc opérée dans les deux pays selon des modalités différentes, avec des causes souvent identiques dont le résultat aujourd'hui est le même : un vieillissement de la population. Ainsi en 1995, la France et le Royaume-Uni comptaient respectivement 19,9% et 20,4% de personnes âgées de plus de 60 ans dans leur population totale. En l'an 2000, les estimations des organismes statistiques (Eurostat, INSEE, OPCS) prévoient que la France comptera 12 millions de personnes de plus de 60 ans et le Royaume-Uni également. Leurs pyramides des âges va évoluer d'une forme actuelle en as de pique, à celle d'une colonne.


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