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Situation du vieillissement transmanche
(1981-1991)
Auteur : Frédérique Turbout

L'augmentation de la part des plus âgés au sein des populations littorales de la Manche tient à la fois à la baisse des indicateurs des naissances, mais aussi à l'allongement de la durée de vie. Il en résulte un vieillissement parfois massif des structures démographiques. Afin de mieux saisir la situation, il est intéressant d'employer un indicateur particulièrement bien adapté à l'évaluation de ce phénomène : l'indice de vieillissement (IDV). Calculé sur la base du rapport entre la part des plus jeunes et celle des plus âgés, il permet, au contraire des expressions en pourcentage de classes d'âge, de relativiser le poids de l'une par rapport à l'autre. Plus l'indice est proche de 100, plus le vieillissement est avancé. Lorsque l'indice dépasse ce seuil, les personnes âgées sont proportionnellement plus nombreuses que les plus jeunes.

Dans la zone transmanche, la lecture de ces indices met en évidence deux situations démographiques : l'Angleterre, quel que soit le recensement considéré, 1981 ou 1991, affiche des indices largement supérieurs au reste de la zone. Dans l'ensemble des régions transmanche, les indices de vieillissement sont supérieurs à 50. Entre 1982 et 1990, on observe une croissance, plus particulièrement en Bretagne et dans le sud de l'Angleterre. Voisins de 100, il dépasse ce seuil dans le South East et le South West. A contrario, les régions françaises du nord-ouest, malgré une augmentation sur la même période intercensitaire, ont des IDV tournant autour de 60, voire en deçà (Nord–Pas-de-Calais).

 

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La lecture du vieillissement à l'échelle régionale révèle des disparités de structures démographiques, le phénomène s'accentue dès que l'on s'intéresse d'un peu plus près aux comtés et départements de la zone. Les départements les plus marqués par le vieillissement sont situés géographiquement dans le sud britannique. À cette échelle, si les deux régions avaient des profils relativement similaires, les comtés qui les composent présentent dès lors de forts contrastes. La majeure partie des comtés du South East affiche des IDV. proches de ceux des départements français. Seuls deux comtés sortent du lot, l'East Sussex (131,9 en 1981 et 133,3 en 1991) et le West Sussex avec un indice de 114,7 en 1991. À noter que tous deux sont des comtés littoraux possédant de nombreuses stations balnéaires, lieux de résidence privilégié des retraités britanniques.

À l'opposé, les différents comtés du South West présentent les caractéristiques inverses ; sur sept comtés dont l'indice est proche de 80, quatre affichaient des IDV proches de 100 en 1981, et tous avaient franchi ce seuil en 1991. Tous sont également des comtés littoraux (Cornwall, Devon, Dorset, Somerset).

Côté français, la situation n'est pas aussi accentuée. En 1990, seuls cinq départements sur les 14 étudiés ont des indices de vieillissement voisins de 80. Parmi eux, les Côtes-d'Armor se hissent difficilement à la barre des 100, avec un IDV de 99,2.

Dans ce paysage démographique, qui dans son ensemble traduit un vieillissement structurel avancé, l'Oise constitue un contre-exemple : le vieillissement y est moins marqué et reflète l'attraction de la métropole parisienne. Par la proximité de la capitale, un meilleur cadre de vie et les possibilités d'accession à la propriété, ce département attire un nombre croissant de jeunes couples avec enfants. Ces derniers viennent augmenter la part des plus jeunes et permettent ainsi de conserver un indice de vieillissement en dessous de la moyenne transmanche. À la lecture de cet indicateur sur une période de dix ans, il apparaît clairement que deux situations s'opposent dans la zone : en Angleterre, le vieillissement est avancé, alors que côté français, ce phénomène est encore relativement récent et de moindre ampleur ; cependant, il est probable que la situation britannique soit à l'image de ce que connaîtra la France dans quelques années, ceci dans l'éventualité, déjà fortement confirmée, d'une croissance des personnes âgées. Soulignons enfin que ce sont avant tout des départements et comtés littoraux qui présentent des IDV élevés. Cette situation peut s'expliquer par un départ des jeunes, mais aussi et surtout par une arrivée croissante de retraités migrants.


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