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1990
La protection du littoral constitue un enjeu de taille dans la zone Transmanche. Cette interface fragile entre la terre et la
mer représente une forte richesse écologique pour lequel la France et l'Angleterre ont développé des politiques de préservation. Le conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres (CEL)Le Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres est un établissement public à caractère administratif. Il fut créé, en 1975, pour assurer une mission de sauvegarde de l'espace littoral, de respect des sites naturels et de l'équilibre écologique. Il assure cette protection par l'achat de rivages marins ou lacustres présentant des intérêts biologiques et paysagers importants de façon à les soustraire à divers types de spéculations, en particulier immobilières. Hormis cette politique foncière, le CEL représente un des principaux acteurs de l'aménagement de ces sites et de leur gestion. Le CEL agit sur les sites pour favoriser l'évolution positive du milieu naturel et des paysages tout en respectant le principe de précaution et le caractère réversible des changements créés, afin de ne pas risquer de modifications profondes du milieu originel. Les écosystèmes des sites acquis par le CEL ne sont cependant pas tous purement naturels, l'homme ayant souvent eu une influence importante sur leur évolution. Lorsque c'est le cas, le CEL encourage la poursuite de ces activités traditionnelles, qui permettent de mieux comprendre comment s'est construit le paysage, en cherchant à atteindre l'optimum écologique de ces milieux. Le CEL est responsable de l'acquisition foncière et de l'aménagement des sites. Par contre, leur gestion est décentralisée et confiée en priorité, lorsqu'elles l'acceptent, aux collectivités locales, qui constituent l'échelon administratif le plus proche du terrain. Les départements leur apportent leur concours financier. Cette gestion peut également être assurée par un syndicat mixte, un établissement public, une association agréée ou un exploitant agricole. Le CEL conserve tout de même un rôle de conseiller et de contrôleur de la qualité de cette gestion. Il passe des conventions de gestion avec ses partenaires, qui ont pour but de préserver la nature des sites, mais aussi de conserver les activités locales compatibles avec la préservation du site. Le CEL est aujourd'hui l'un des premiers organismes de protection foncière au monde. En mai 1995, il avait acquis 339 sites totalisant 44 616 ha pour 622 km de rivage. Au niveau national, les perspectives sur le long terme du CEL sont de protéger un linéaire côtier double de celui d'aujourd'hui et de superficie triplée. Au niveau international, l'expérience acquise en vingt ans d'existence est aujourd'hui largement reconnue et est désormais sollicitée par d'autres pays. Les Heritage CoastsLa protection du littoral britannique diffère de celle mise en œuvre par le CEL. L'initiative en revient à des organismes privés, notamment le National Trust, qui incitèrent ainsi les autorités à mettre en place, dans les années 1970, un statut de préservation des paysages littoraux encore vierges, sous la désignation de Heritage Coast (patrimoine côtier). Les Heritage Coast correspondent aux espaces vierges côtiers de qualité. Les sites sélectionnés sont en effet concentrés dans les secteurs où la faible densité de population a permis une moindre détérioration de la qualité des paysages. L'objectif de cette désignation est double, à savoir la conservation de ces espaces et la découverte par le public dès que cela est possible. Elles sont instituées par les collectivités locales qui ont toutes les initiatives et les responsabilités, et encouragées par la Countryside Commission. En 1992, 44 Heritage Coast étaient définies, soit 34 % du littoral gallois et britannique, et près de 1 550 km de linéaire côtier. L'espace transmanche en totalise à lui seul 22. Elles sont majoritairement situées dans la région Southwest, 17 y ayant été définies contre seulement 5 dans la région Southeast. La dissymétrie dans leur répartition est due au fait que les littoraux occidentaux, aux paysages plus pittoresques et accidentés, sont moins développés. La répartition du patrimoine littoral britannique conservé n'est donc pas homogène et suit les mêmes critères géographiques de sélection que les autres types de protection des paysages à grande échelle de la zone transmanche (hormis les sites du CEL).
L'absence de législation et le manque de moyens ne permettent pas une politique d'acquisition foncière telle que celle menée par le CEL en France, qui répartit ses efforts sur
l'ensemble du littoral national. Les sites choisis ont une vocation principalement touristique et pédagogique et sont aménagés et entretenus en ce sens.
Source : Protected landscapes in the United Kingdom
ConclusionLe littoral, par définition mobile, a longtemps été altéré par des constructions plus ou moins anarchiques. Cette fixation de ce milieu, ainsi que la réalisation d'ouvrages (ports de plaisance, endiguements,...), aux impacts souvent mal évalués, ont perturbé l'évolution naturelle de la côte et des écosystèmes qu'elle recouvre. Les secteurs dégradés par une urbanisation touristique importante voient aujourd'hui leur fréquentation baisser, et la consommation des espaces littoraux a suscité une pression foncière accrue sur ceux qui subsistent. La valorisation économique nécessaire de ces espaces se doit donc d'être couplée avec une politique de préservation, gage d'un développement durable. Les politiques de la France et de l'Angleterre en la matière sont sensiblement différentes. En effet, la France s'est dotée d'un organisme spécialisé dans l'acquisition foncière. Dans les pays anglo-saxons, des fondations privés ont acquis des sites menacés, l'adhésion active à des associations de protection de la nature y étant beaucoup plus forte. L'État a uniquement instauré un label de reconnaissance du patrimoine littoral. Haut |