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Les dispositifs de séparation du trafic : les organisateurs des mouvements maritimes
(2000-2001)
Auteur : Maud Lucas

Plusieurs routes sont empruntées en mer de la Manche par les navires de commerces lorsqu'ils arrivent par l'Ouest. Les navires en provenance de l'Atlantique Nord abordent généralement la Manche dans sa partie nord-ouest, sur Bishop Rock à l'extrémité sud-ouest des îles Scilly. Ils orientent ensuite leur route soit le long de la côte anglaise en suivant en particulier le dispositif de séparation du trafic au sud des îles Scilly, soit vers les ports de la côte française selon leur destination. Les navires venant d'Amérique du sud et de Gibraltar arrivent sur Ouessant ou sur les Casquets.

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Ces routes convergent généralement sur des dispositifs de séparation de trafic (DST) créés par l'Organisation maritime internationale (OMI). En longeant les côtes françaises on repère trois DST qui organisent le trafic au large de Ouessant, des Casquets et du Pas de Calais. Cette série de couloirs maritimes est destinée à canaliser la navigation et à éviter les collisions entre les nombreux navires qui circulent dans la mer de la Manche.

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Le dispositif de séparation de trafic d'Ouessant

La création du rail d'Ouessant date du 1er janvier 1979, quelques mois après la catastrophe de l'Amoco Cadiz. Ce schéma de circulation s'impose à tous types de bateaux de commerce qui rentrent en Manche ou qui en sortent.

Qualifiée d'« autoroute de la mer », la mer de la Manche comprend trois voies de navigation, deux montantes et une descendante :

  • Au-delà de 5 milles nautiques de la côte, une chaussée montante de 3 nautiques destinée aux navires transportant des matières non dangereuses ;
  • À 8 nautiques d'écart, une voie pour la totalité du flux faisant route vers le sud (5 nautiques) ;
  • Puis une bande de 6 nautiques réservée à tous les pétroliers et autres navires qui transportent vers l'Europe du Nord des cargaisons dangereuses.

L'ensemble du dispositif de surveillance s'étend jusqu'à 33 milles (60 km) au large de l'île d'Ouessant.

Le naufrage de l'Erika en 1999 a accéléré la réflexion sur la sécurité maritime. Ainsi c'est pour répondre à la problématique derenforcement de la surveillance et de la sécurité de la navigation que les Affaires Maritimes ont engagé la réorganisation du rail d'Ouessant. Cette nouvelle organisation consiste à passer de trois à deux voies de circulation : la voie la plus proche, à 24 milles (43 km) d'Ouessant sera réservée aux navires entrant dans la Manche ; la voie le plus éloignée sera la voie descendante pour les navires sortant de la zone. Larges de cinq milles (9 km), les couloirs de navigation seront séparés par une zone également large de cinq milles. Le trafic se retrouvera donc repoussé vers le large puisque, actuellement, le rail débute à cinq milles d'Ouessant. Cette évolution est rendue possible par les progrès réalisés dans les aides à la navigation. La généralisation du GPS (système de navigation et de localisation par satellite) dispense, aujourd'hui, les navires de se rapprocher de la côte pour contrôler leur position. La modification du rail d'Ouessant sera réalisée fin 2002, après accord de l'organisation Maritime Internationale (OMI).

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Les dispositifs de séparation de trafic des Casquets et du Pas de Calais

Adopté par l'OMI, le dispositif de séparation de trafic des Casquets permet d'ordonner le trafic au nord des îles Anglo-Normandes, en un lieu où convergent les trafics venant de Ouessant et des îles Scilly, et le trafic descendant du Pas de Calais auxquels s'ajoutent les multiples flux entre les deux rives de la Manche. Le dispositif de séparation du Pas de Calais permet de canaliser et d'ordonner le trafic dans le détroit. Ces deux DST n'ont que deux voies, une voie descendante et une voie montante.

Les Services de trafic maritime franco-britanniques

Chacun de ces trois DST est couvert par un Service de trafic maritime (STM), franco-britannique en ce qui concerne celui des Casquets et celui du Pas de Calais. Le STM implanté au CROSS Jobourg travaille en liaison avec son homologue britannique de Portland Coast Guard et le STM du CROSS Gris-Nez collabore avec celui de Dover Coast Guard.

Depuis 1996, les navires doivent se signaler obligatoirement à Ouessant, et depuis 2000 aux Casquets et à Gris-Nez. L'instauration de ces obligations a constitué un début de système de surveillance maritime dans les eaux internationales de la Manche.


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